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RDC : Constant Mutamba récuse le procureur général , une crise judiciaire sans précédent

Le ministre congolais de la Justice Constant Mutamba récuse le procureur général Firmin Mvonde, accusé de partialité dans une affaire de détournement de fonds. Plongée au cœur d’une crise institutionnelle qui ébranle les fondements de l’État de droit en République Démocratique du Congo.

La République Démocratique du Congo se trouve plongée dans une crise judiciaire aux proportions inédites. Le ministre de la Justice Constant Mutamba a officiellement notifié ce 10 juin 2025 la récusation du procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde. Cette décision intervient dans un contexte particulièrement tendu, alors que le magistrat avait sollicité la veille auprès de l’Assemblée nationale l’autorisation d’engager des poursuites contre le ministre pour détournement de fonds publics.

L’origine de cette crise remonte à un projet de construction pénitentiaire à Kisangani. Les fonds en question, issus de dédommagements pour les victimes de la guerre des Six Jours, auraient été attribués à l’entreprise Zion Construction SARL en violation flagrante des procédures de marchés publics. Dans un courrier officiel dont Jeune Afrique a pu obtenir copie, Constant Mutamba conteste avec véhémence ces accusations, qualifiant l’enquête de partiale et politiquement motivée.

Le ministre justifie sa décision de récuser le procureur général par des motifs qu’il estime incontestables. Il affirme dans sa correspondance qu’il s’agit d’un cas manifeste de partialité et de conflit d’intérêts. Mutamba rappelle que le projet controversé avait reçu l’aval formel du Conseil des ministres et de la Première ministre. Il souligne par ailleurs que les fonds non utilisés ont été immédiatement gelés par la Cellule nationale des renseignements financiers (Cenaref), rendant impossible selon lui tout détournement effectif.

La lettre du ministre dénonce avec force ce qu’il qualifie de « complot politique » visant à éliminer un adversaire gênant. Cette affirmation s’appuie sur plusieurs éléments troublants. Une enquête préalable concernant un achat immobilier à Bruxelles en 2024 aurait été entravée. De même, un audit demandé en février 2025 sur la gestion des parquets aurait été conduit de manière partiale. Ces différents éléments, selon Mutamba, témoigneraient d’une volonté délibérée de le discréditer.

Cette crise sans précédent soulève des questions fondamentales sur le fonctionnement des institutions congolaises. Elle interroge en premier lieu sur l’indépendance réelle de la justice congolaise. Elle met également en lumière les limites du pouvoir du ministère de la Justice dans un État en reconstruction. Enfin, elle pose la question cruciale de l’équilibre des pouvoirs dans un contexte politique particulièrement volatile.

Les observateurs internationaux suivent avec une attention particulière l’évolution de cette affaire. Un expert des Nations Unies, sous couvert d’anonymat, a confié à nos reporters qu’il s’agissait d' »un test crucial pour l’État de droit en RDC ». La communauté juridique congolaise apparaît profondément divisée face à cette crise. Certains soutiennent la nécessité de cette récusation, voyant dans l’action du parquet une dérive autoritaire. D’autres au contraire y perçoivent une entrave inacceptable à l’indépendance judiciaire.

Alors que Constant Mutamba exige avec insistance la désignation d’un nouveau parquet, cette affaire a déjà largement dépassé le cadre d’un simple différend juridique. Elle révèle au grand jour les tensions profondes qui traversent les institutions congolaises et met en lumière les difficultés persistantes de la jeune démocratie congolaise. Les prochains jours seront cruciaux pour comprendre si cette crise aboutira à une réforme profonde du système judiciaire ou au contraire à un renforcement des clivages politiques.

Cette affaire Mutamba-Mvonde dépasse largement le cadre d’une simple rivalité institutionnelle. Elle symbolise les défis immenses auxquels fait face la République Démocratique du Congo dans sa quête de stabilité et de démocratie. Alors que le ministre clame son innocence et dénonce un acharnement politique, le parquet maintient ses accusations avec fermeté. Une chose est certaine : cette crise judiciaire sans précédent continuera d’alimenter les débats sur l’avenir de l’État de droit en RDC dans les semaines à venir.

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