Brice Clotaire Oligui Nguema pose les bases de son septennat après une victoire écrasante. Dans…
Gabon :Brice Clotaire Oligui Nguema investi président lors d’une cérémonie historique marquant la fin de la transition

Libreville ( Gabon ) a vécu un moment historique ce samedi 3 mai avec l’investiture officielle de Brice Clotaire Oligui Nguema comme président de la République gabonaise. Cette cérémonie solennelle, qui s’est déroulée devant une foule immense au stade d’Angondjé, a marqué la fin officielle des 19 mois de transition militaire ouverte après le coup d’État d’août 2023.
Un serment pour l’unité nationale
Dans un discours empreint de solennité, le nouveau président a prononcé des mots qui résonneront longtemps dans l’histoire du Gabon : « Aujourd’hui, je n’accède pas simplement à la magistrature suprême. Je prends un engagement : l’engagement de servir, de protéger et d’unir tous les Gabonais, y compris ceux de la diaspora. » Ce serment, fait devant des dizaines de milliers de citoyens et sous le regard des institutions internationales, dessine les contours d’un mandat placé sous le signe de la réconciliation nationale.
Une journée symbolique à Libreville
La capitale gabonaise s’est réveillée dans une atmosphère particulière ce jour historique. Après des pluies diluviennes la veille, le soleil a illuminé une ville en effervescence dès les premières heures de la matinée. Des milliers de Gabonais, vêtus aux couleurs nationales, ont afflué vers le stade de l’amitié sino-gabonaise où près de 40 000 personnes ont pu assister à cette cérémonie sans précédent – la première investiture présidentielle ouverte au grand public dans l’histoire du pays.
Le général-président, arrivé vers 13h30 dans une voiture au toit ouvert sous les acclamations, portait un costume sobre agrémenté d’une écharpe rouge. Ce moment marquait l’aboutissement d’un processus démocratique qui l’a vu triompher avec 94,85% des voix au scrutin du 12 avril dernier, selon les nouvelles dispositions constitutionnelles approuvées par référendum en novembre 2024.
Une reconnaissance internationale significative
L’événement a revêtu une dimension continentale avec la présence de seize chefs d’État africains. Parmi les personnalités marquantes figuraient les présidents Paul Kagame (Rwanda), Félix Tshisekedi (RDC), ainsi que les homologues de Guinée Bissau, Gambie, Sénégal, Centrafrique et Guinée équatoriale. La France avait dépêché son ministre délégué chargé de l’Europe, Benjamin Haddad.
Faustin-Archange Touadéra, président centrafricain et facilitateur de la CEEAC pour la transition gabonaise, a salué ce moment historique : « Désormais, le Gabon est membre à part entière des États démocratiques et sera à tout jamais un modèle type de transition réussie. »
Tourner la page de la transition militaire
Cette cérémonie sonne le glas du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), l’organe militaire qui a gouverné le pays depuis la fin du règne des Bongo après 55 ans au pouvoir. Comme l’avait annoncé le colonel Ulrich Manfoumbi, porte-parole du CTRI : « La prestation de serment mettra fin à la présidence de transition et conduira au retour à l’ordre constitutionnel civil », marquant ainsi le retour des militaires dans leurs casernes.
Durant la transition, le nouveau président s’est forgé une image de « bâtisseur » à travers divers chantiers de construction et a promis une lutte sans merci contre la corruption, un engagement qui sera scruté à la loupe par la population.
Vers la consolidation démocratique
Le processus de normalisation constitutionnelle se poursuivra avec l’organisation des élections législatives et sénatoriales prévues fin 2025, ainsi que la mise en place de la Cour constitutionnelle. Ces étapes cruciales détermineront la capacité du Gabon à ancrer durablement ses institutions démocratiques.
La cérémonie s’est achevée sur un moment d’émotion rare lorsque le président, la voix chargée de sincérité, a lancé : « Peuple gabonais, je vous aime. » Une déclaration simple mais puissante, immédiatement saluée par une ovation générale, qui semble augurer d’une nouvelle relation entre le pouvoir et les citoyens.
Notre envoyé spécial à Libreville a pu constater l’enthousiasme populaire qui entoure ce nouveau départ pour le Gabon, même si les attentes sont immenses et les défis colossaux pour ce pays qui tourne résolument une page de son histoire.