Avec ses lunettes rectangulaires et ses costumes impeccables, Tidjane Thiam cultive une élégance discrète mais…
Côte d’Ivoire : La radiation de Tidjane Thiam, un séisme politique aux relents d’« ivoirité 2.0 »

La Côte d’Ivoire traverse une crise politique majeure après la décision controversée du tribunal d’Abidjan de rayer Tidjane Thiam, président du PDCI et candidat désigné pour la présidentielle d’octobre 2025, des listes électorales. Un verdict qui plonge l’opposition dans une tourmente stratégique et ravive les vieux démons des exclusions politiques sous couvert de nationalité.
Une décision aux allures de règlement de comptes
Le 22 avril 2025, la justice ivoirienne invoque l’article 48 du Code de la nationalité pour justifier la radiation de Tidjane Thiam, arguant qu’il aurait perdu sa citoyenneté ivoirienne en acquérant la nationalité française en 1987. Pourtant, l’ancien patron de Crédit Suisse a officiellement renoncé à la nationalité française en mars 2025.
Mais le tribunal estime que son inscription sur les listes électorales en décembre 2022, alors qu’il était encore français, le rend inéligible. Une interprétation juridique qui fait bondir le PDCI, dénonçant une « instrumentalisation politique de la justice ».
« Cette décision est un coup de force destiné à éliminer un adversaire gênant », tonne Sylvestre Emmou, secrétaire exécutif du parti.
Le PDCI campe sur ses positions : « Pas de plan B »
Alors que certains s’attendaient à une riposte pragmatique, le PDCI refuse toute alternative. « Pas de plan B, pas de plan C. Nous voulons Tidjane Thiam et personne d’autre », martèle ce dernier dans une vidéo diffusée depuis Paris.
Pourtant, en coulisses, les rumeurs vont bon train. Jean-Louis Billon, ancien ministre et rival de Thiam, pourrait-il devenir le recours ultime ? Lui aussi a renoncé à la nationalité française, mais n’a pas été radié. Son absence à la dernière convention du PDCI alimente cependant les spéculations.
Un paysage politique en recomposition
Avec cette décision, Tidjane Thiam rejoint le club des opposants déclaré inéligible, aux côtés de Guillaume Soro, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. Une situation qui fragilise l’opposition et pourrait profiter au RHDP, dont le candidat, Alassane Ouattara, n’a toujours pas officialisé sa candidature pour un éventuel quatrième mandat.
Mais Thiam ne baisse pas les bras. Il promet de se battre sur tous les fronts : juridique, politique et diplomatique. « La possibilité pour les Ivoiriens de choisir librement leur dirigeant est une question de dignité », clame-t-il.
Une crise qui rappelle les heures sombres de l’ivoirité
Le PDCI alerte sur les « risques graves d’instabilité » et en appelle à la communauté internationale. Cette affaire ravive en effet les blessures du passé, où la question de la nationalité a servi à écarter des rivaux politiques.
Alors que la présidentielle approche, la Côte d’Ivoire semble s’enfoncer dans une crise prévisible, où la bataille pour le pouvoir se joue une fois de plus sur le terrain de l’identité plutôt que sur celui des idées.
Une chose est sûre : cette affaire dépasse Tidjane Thiam. Elle pose une question fondamentale : la Côte d’Ivoire peut-elle organiser une élection libre et inclusive, ou reproduira-t-elle les erreurs du passé ?