Le Gabon vient de tourner une page décisive de son histoire politique. Brice Clotaire Oligui…
Brice Clotaire Oligui Nguema :l’ascension fulgurante d’un soldat devenu président

L’histoire politique du Gabon vient de connaître un tournant majeur. Brice Clotaire Oligui Nguema, l’homme qui avait renversé Ali Bongo en août 2023, a été officiellement élu président de la République le 12 avril dernier avec un score sans précédent de 94,85% des suffrages. Ce résultat, validé par l’ensemble des institutions nationales et les observateurs internationaux, consacre l’étonnante métamorphose d’un militaire de carrière en leader politique plébiscité.
Un parcours militaire au service du pouvoir
Né le 3 mars 1975 à Libreville, Brice Clotaire Oligui Nguema est issu d’une famille profondément ancrée dans l’appareil d’État. Son père, militaire de haut rang de l’ethnie Fang, et sa mère, apparentée aux Teke dont est issu l’ancien président Omar Bongo, lui ont transmis très tôt le sens du service de l’État.
Sa formation à l’académie militaire de Meknès au Maroc dans les années 1990 forge son caractère et ses convictions. De retour au Gabon, il entame une ascension méthodique au sein des structures de pouvoir :
– 1998-2009 : Aide de camp personnel du président Omar Bongo, période durant laquelle il apprend les arcanes du pouvoir et se constitue un réseau précieux
– 2009-2019 : Affecté comme attaché militaire successivement au Maroc puis au Sénégal, un exil qui lui permet d’observer les transitions politiques africaines avec recul
– 2020 : Nommé commandant de la Garde Républicaine, position stratégique qui lui donne le contrôle de la sécurité présidentielle
Le coup de force du 30 août 2023
Le 30 août 2023, alors que les résultats des élections contestées donnent Ali Bongo vainqueur, Brice Clitaire Oligui Nguema passe à l’action. En moins de quatre heures, sans effusion de sang, il prend le contrôle des institutions et annonce la fin du « système Bongo ».
Ses premiers gestes politiques marquent les esprits :
– Arrestation de plusieurs figures du régime accusées de corruption
– Gel des avoirs suspects de proches du pouvoir
– Lancement d’un audit complet des finances publiques
– Annonce d’une transition de 18 mois devant mener à des élections libres
Une transition sous le signe de la rupture
Durant les 19 mois de transition, Oligui Nguema impulse un style de gouvernance radicalement différent :
– Refus du salaire présidentiel et réduction des privilèges des hauts fonctionnaires
– Déplacements fréquents en moto pour rencontrer la population
– Utilisation des langues locales (notamment le Fang) dans ses discours officiels
– Nomination de l’opposante historique Paulette Missambo à la présidence du Sénat
Ces gestes forts lui valent une popularité croissante, tandis que les audits révèlent l’ampleur des détournements sous l’ancien régime.
Une élection historique
Le 12 avril 2025, Brice Clotaire Oligui Nguema remporte l’élection présidentielle avec 94,85% des suffrages, un score qui reflète l’adhésion massive des Gabonais à son projet de renouveau. Les observateurs internationaux, bien que surpris par l’ampleur de la victoire, reconnaissent le bon déroulement du scrutin.
« Ce score n’est pas le mien, il appartient au peuple gabonais qui a choisi la rupture », déclare-t-il dans son discours de victoire, avant d’ajouter : « Dès demain, nous nous remettons au travail. »
Défis et perspectives
Le nouveau président fait face à des attentes immenses :
– Économie : Réduction de la dépendance au pétrole (30% du PIB d’ici 2027)
– Social : Mise en place de la gratuité des soins pour les enfants et seniors
– Éducation : Portée à 25% du budget national
– Transparence : Poursuite de la lutte contre la corruption
Si son bilan à la tête de la transition est globalement salué, certaines interrogations persistent, notamment concernant l’origine des fonds ayant permis l’acquisition de propriétés aux États-Unis.
Un nouveau style de gouvernance
Avec 63% d’opinions favorables selon l’institut Tilder (mai 2024), Oligui Nguema incarne l’espoir d’une génération tout en maintenant des liens complexes avec l’ancien système. Son prochain défi sera les élections législatives de septembre 2024, premier test pour son mouvement politique en construction.
« Je ne serai le prisonnier d’aucun clan, d’aucune famille, d’aucun réseau », a-t-il promis lors de son investiture. Un engagement que les Gabonais, qui lui ont offert l’un des scores les plus élevés de l’histoire électorale africaine, comptent bien lui rappeler.