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Sénégal : un an après l’élection de Diomaye Faye, le bilan en demi-teinte d’une alternance promise à la rupture

Il y a tout juste un an, le Sénégal vivait un moment historique : l’élection triomphale de Bassirou Diomaye Faye, candidat du Pastef, avec 54,3 % des voix dès le premier tour. Porté par une jeunesse avide de changement, son arrivée au pouvoir incarnait l’espoir d’une rupture radicale avec les pratiques du passé. Douze mois plus tard, où en est le Sénégal de Diomaye Faye ? Entre avancées symboliques et défis économiques colossaux, le bilan est contrasté.

Une gouvernance sous le signe de la transparence
Dès son investiture, le nouveau président a lancé un vaste audit des finances publiques, révélant une dette publique avoisinant 100 % du PIB, un héritage encombrant de l’ère Macky Sall. La publication intégrale du rapport par la Cour des comptes a marqué une première dans l’histoire du pays, saluée comme un acte de transparence inédit.

Sur le plan symbolique, Diomaye Faye a rompu avec le faste de ses prédécesseurs : réduction du train de vie de l’État, limitation des dépenses de protocole, et suppression de certains privilèges ministériels. Ces mesures, bien qu’appréciées, restent perçues comme des gestes cosmétiques face aux attentes plus profondes des Sénégalais.

Le choc des réalités économiques
L’euphorie des premiers mois a vite cédé la place à une prise de conscience brutale : le Sénégal est au bord du mur budgétaire. La dégradation de la note souveraine par Moody’s a compliqué l’accès aux marchés financiers, obligeant le gouvernement à renégocier avec le FMI tout en imposant des mesures d’austérité.

Les premières actions sociales – baisse du prix du pain et du riz – ont été bien accueillies, mais leur impact reste limité face à une inflation persistante et un chômage endémique. Les syndicats, mécontents, menacent de grèves massives, tandis que la société civile dénonce un manque de réformes structurelles.

Des réformes en demi-teinte
Si le gouvernement met en avant des avancées dans l’agriculture (transformation locale de l’arachide) et le foncier, plusieurs chantiers promis tardent à se concrétiser. La réforme de la justice, pourtant annoncée comme prioritaire, piétine, laissant en place des loi répressives héritées de l’ancien régime.

La promesse de création massive d’emplois se heurte à la réalité d’une économie sous tension. Le secteur privé, bien que rassuré par la stabilité politique, attend toujours des mesures fiscales incitatives.

Un an après, quel cap pour le Sénégal ?
L’équipe de Diomaye Faye assure que “le changement est en marche”, mais reconnaît que “les défis sont plus lourds que prévu”. Entre héritage économique délétère et attentes populaires immenses, le président doit désormais concilier rigueur budgétaire et justice sociale – un équilibre périlleux.

La question qui demeure : Le Sénégal a-t-il les moyens de sa rupture ? La réponse se jouera dans les mois à venir, au rythme des négociations avec le FMI et de la capacité du gouvernement à tenir ses promesses sans sacrifier sa crédibilité.

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