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Tournée diplomatique de Mahama : l’ultime tentative pour sauver l’unité ouest-africaine

Le président ghanéen John Dramani Mahama a entamé dimanche 9 mars une étape cruciale de sa mission diplomatique à Niamey, après des discussions encourageantes à Bamako la veille. Accueilli par le général Abdourahamane Tiani, chef de la junte nigérienne, l’émissaire ghanéen a poursuivi son laborieux travail de reconstruction des ponts entre l’Alliance des États du Sahel et la CEDEAO. Cette rencontre au sommet, dont les conclusions ont été diffusées sur les ondes de Télé Sahel, a permis aux deux dirigeants de réaffirmer leur engagement commun contre la menace terroriste, sans toutefois évoquer directement la fracture régionale.
 
 
Dans la chaleur étouffante de la capitale nigérienne, les discussions se sont concentrées sur le renforcement de la coopération bilatérale entre Accra et Niamey. Le communiqué final, soigneusement formulé, a mis l’accent sur la nécessité d’une action concertée face aux groupes armés qui ensanglantent la région depuis des années. “La sécurité de nos peuples ne connaît pas de frontières”, aurait déclaré Mahama en privé à ses collaborateurs, selon des sources proches de la délégation ghanéenne.
 
 
Cette visite s’inscrit dans une séquence diplomatique intense pour le président ghanéen, qui avait obtenu la veille à Bamako des signaux positifs du général malien Assimi Goïta. Les observateurs régionaux notent la méthode prudente mais persistante du médiateur, qui évite soigneusement les déclarations fracassantes pour privilégier le dialogue en coulisses. Sa prochaine étape à Ouagadougou, prévue ce lundi, pourrait s’avérer décisive pour tenter de renouer le fil du dialogue entre les deux blocs.
 
 
Le contexte reste pourtant marqué par une défiance profonde. Depuis leur retrait collectif de la CEDEAO en janvier dernier, les trois pays de l’AES n’ont cessé de durcir leur position, dénonçant une organisation régionale qu’ils jugent inféodée aux intérêts occidentaux. La création récente de structures alternatives, notamment dans les domaines militaire et monétaire, témoigne de leur volonté d’affirmer une voie souverainiste distincte.
 
 
Les capitales ouest-africaines suivent avec une inquiétude croissante cette tournée qui pourrait représenter la dernière chance d’éviter une fracture durable. Certains diplomates évoquent discrètement la possibilité d’un assouplissement des sanctions économiques, qui pourraient servir de monnaie d’échange pour un retour des pays dissidents. D’autres, plus sceptiques, soulignent l’écart croissant entre les visions politiques des deux camps.
 
 
Alors que le soleil se couchait sur Niamey, la délégation ghanéenne préparait déjà ses dossiers pour Ouagadougou. Dans les cercles diplomatiques, on chuchote que Mahama porterait des propositions concrètes pour apaiser les tensions, peut-être même l’esquisse d’une réforme de la CEDEAO prenant mieux en compte les préoccupations sécuritaires des pays sahéliens. Reste à savoir si ces efforts parviendront à convaincre des régimes militaro-politiques déterminés à tracer leur propre voie.
 
 
Cette crise sans précédent dans l’histoire de l’intégration ouest-africaine pose des questions fondamentales sur l’avenir de la région. Alors que certains y voient l’agonie d’un système dépassé, d’autres espèrent encore une renaissance adaptée aux nouvelles réalités géopolitiques du continent. La réponse, peut-être, se trouve dans les valises diplomatiques de John Dramani Mahama, dernier rempart contre l’éclatement d’une communauté régionale qui a mis près d’un demi-siècle à se construire.
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