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Tidjane Thiam, l’homme qui défie les pronostics

Avec ses lunettes rectangulaires et sa silhouette longilime, Tidjane Thiam a toujours cultivé une élégance discrète, mêlant rigueur d’ingénieur et charisme de leader. Derrière cette apparence réservée se cache un parcours hors norme, des sommets de la finance internationale aux arènes politiques ivoiriennes. Retour sur le destin d’un homme qui, malgré les obstacles, refuse de renoncer.

Un parcours académique d’exception

Né en 1962 à Abidjan, Tidjane Thiam incarne l’excellence franco-ivoirienne. Diplômé de l’École Polytechnique et de l’École Nationale Supérieure des Mines de Paris, il décroche un MBA avec distinction à l’INSEAD, s’imposant comme l’un des esprits les plus brillants de sa génération. Ces formations d’élite lui vaudront plus tard d’être fait Chevalier de la Légion d’honneur française – une distinction qui, ironiquement, alimentera aujourd’hui les controverses sur sa nationalité.

Une carrière internationale fulgurante

D’abord consultant chez McKinsey, il gravit rapidement les échelons : directeur général du Bureau national des études techniques en Côte d’Ivoire (1994-1999), puis ministre du Plan sous Henri Konan Bédié. Mais c’est dans la finance qu’il se forge une légende.

Successivement directeur financier puis PDG de Prudential (2009-2015), il devient le premier Africain à diriger une grande banque européenne en prenant les rênes de Crédit Suisse (2015-2020). Sous sa direction, la banque renoue avec les profits, avant qu’un scandale d’espionnage interne ne précipite son départ.

Aujourd’hui, il préside Rwanda Finance Limited et Freedom Acquisition Corp, siège au conseil du géant du luxe Kering, et reste une voix écoutée dans les cercles économiques mondiaux, comme membre du G30 (un club fermé de financiers internationaux).

Un retour en politique semé d’embûches

Son retour en Côte d’Ivoire en 2023, après plus de vingt ans à l’étranger, ressemble à une reconquête. Élu à la tête du PDCI avec 96,48 % des voix, il modernise ce parti historique, multiplie les meetings et séduit une jeunesse en quête de renouveau.

Mais son ambition présidentielle se heurte à un obstacle inattendu : la question de sa nationalité. Devenu Français en 1987, il n’a officialisé sa renonciation qu’en mars 2025 – trop tard, selon la justice ivoirienne, qui l’a radié des listes électorales.

Un style à part

Contrairement aux politiciens traditionnels, Thiam mise sur le discours technocratique et l’image d’intégrité. Peu enclin aux diatribes enflammées, il préfère les chiffres et les stratégies longues. Mais cette froideur apparente cache une détermination sans faille, comme en témoigne son refus de plier face à sa radiation.

« Il incarne une nouvelle génération de leaders africains : globalisés, mais déterminés à servir leur pays », analyse un diplomate européen. Reste à savoir si l’Ivoirien parviendra à transformer son aura internationale en victoire politique – malgré les verrous judiciaires.

Alors que la présidentielle approche, Tidjane Thiam, l’homme qui a tutoyé les sommets de la finance, se retrouve dans le combat de sa vie : celui de sa légitimité. Et cette fois, ce ne sont pas les marchés qui jugeront, mais le peuple ivoirien.

 

 

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