Abidjan, le 8 avril 2025 – La Côte d’Ivoire pleure l’un de ses plus illustres serviteurs. Amara Essy, figure emblématique de la diplomatie ivoirienne et africaine, s’est éteint hier à son domicile d’Abidjan à l’âge de 82 ans. Sa disparition marque la fin d’une ère pour la diplomatie ivoirienne.
Un parcours diplomatique exceptionnel
Né en 1944 à Bouaké et diplômé en droit public, Amara Essy a consacré sa vie au service diplomatique de son pays. Sa carrière, étroitement liée au premier président ivoirien Félix Houphouët-Boigny, l’a conduit aux plus hautes fonctions internationales.
Il s’est d’abord distingué comme président du groupe africain aux Nations unies à Genève, avant de devenir représentant permanent de la Côte d’Ivoire à l’ONU à New York de 1981 à 1990. Sa compétence et son engagement lui ont ensuite valu d’être nommé ministre des Affaires étrangères, poste qu’il occupera pendant près d’une décennie, d’abord sous Houphouët-Boigny (1990-1993), puis sous Henri Konan Bédié (1993-2000).
Le point culminant de sa carrière onusienne intervient entre 1994 et 1995, lorsqu’il préside la 49e Session de l’Assemblée générale des Nations unies, devenant l’une des voix africaines les plus respectées sur la scène internationale.
Un artisan de l’Union africaine
« Il aimait profondément le monde et était plus tourné vers les problématiques internationales », confie un proche du défunt diplomate. Cette vision l’a naturellement conduit à jouer un rôle majeur dans la transformation institutionnelle du continent africain.
En 2001, Amara Essy est nommé secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Il supervise alors la métamorphose de cette organisation, devenant en 2002 le premier président de la Commission de la nouvelle Union africaine, institution qui succède à l’OUA avec une ambition renouvelée pour l’intégration du continent.
Une fin de carrière marquée par les ambitions politiques
De retour en Côte d’Ivoire après ses fonctions continentales, Amara Essy nourrit l’ambition de se présenter à l’élection présidentielle de 2015. Cette aspiration se heurte toutefois à la position du PDCI, son parti d’origine, dont l’ancien président Henri Konan Bédié et plusieurs cadres s’opposent, à travers « l’Appel de Daoukro », à toute candidature susceptible de concurrencer le président sortant Alassane Ouattara.
Suite à cet épisode, le diplomate choisit de se mettre en retrait de la vie politique active, préférant poursuivre ce qu’il appelait sa « diplomatie silencieuse », continuant à œuvrer discrètement pour son pays et le continent africain.
Un héritage diplomatique durable
La disparition d’Amara Essy prive la Côte d’Ivoire et l’Afrique d’un diplomate d’exception dont l’expérience et la vision ont contribué à façonner la place du continent sur l’échiquier international. Les hommages qui affluent depuis l’annonce de son décès témoignent de l’impact considérable qu’il a eu sur la diplomatie africaine contemporaine.
Les funérailles du diplomate seront annoncées ultérieurement par sa famille, a indiqué un communiqué officiel.