Gabon : Taxi Gab+, quand la mobilité urbaine rime avec entrepreneuriat jeune

Au Gabon , sous un soleil radieux qui semblait célébrer l’événement, le Président Brice Clotaire Oligui Nguema a officiellement remis les clés de 399 véhicules à de jeunes Gabonais dans le cadre de la deuxième phase du projet Taxi Gab+. Cette cérémonie haute en couleurs, organisée sur l’esplanade du Palais présidentiel, marque une étape décisive dans la politique d’insertion professionnelle du gouvernement. Loin d’être une simple opération de communication, Taxi Gab+ se présente comme un programme structurant qui pourrait bien révolutionner à la fois le secteur des transports et l’approche de l’entrepreneuriat jeune au Gabon.

Le concept de Taxi Gab+ rompt avec les schémas traditionnels d’aide à l’emploi. Il ne s’agit pas ici d’une distribution passive de véhicules, mais de la création d’un véritable écosystème entrepreneurial. Chaque bénéficiaire, soigneusement sélectionné sur des critères de motivation et de potentiel, devient acteur de sa propre réussite. « Nous ne donnons pas du poisson, nous apprenons à pêcher », aime à répéter le ministre des Transports, résumant ainsi la philosophie du programme. Les jeunes formés ne seront pas de simples chauffeurs, mais de véritables chefs d’entreprise devant gérer leur activité, leurs clients et leur comptabilité.

L’originalité de Taxi Gab+ réside dans son modèle économique pensé pour la pérennité. Contrairement à certaines initiatives similaires en Afrique qui ont échoué par manque de suivi, le programme gabonais intègre un accompagnement sur trois ans. Les bénéficiaires bénéficient d’une période de franchise avant de commencer un remboursement symbolique qui leur permettra à terme de devenir propriétaires de leur véhicule. Un système de parrainage associe les bénéficiaires de la première vague à ceux de la seconde, créant ainsi une chaîne de solidarité professionnelle. Des ateliers mensuels de formation continue sont organisés sur des thèmes aussi variés que la mécanique automobile, la gestion financière ou la relation client.

Sur le plan social, Taxi Gab+ répond à plusieurs défis cruciaux. Dans un pays où le taux de chômage des jeunes avoisine les 35%, le programme offre une alternative crédible à la précarité. « Avant, je survivais avec des petits boulots. Aujourd’hui, je deviens patron », témoigne avec fierté l’un des bénéficiaires. La professionnalisation du secteur des taxis permet également de lutter contre l’économie informelle qui représentait jusqu’ici l’essentiel de l’offre de transport urbain. Les véhicules flambant neufs, tous équipés de GPS et de systèmes de paiement digital, contrastent avec le parc vétuste des taxis traditionnels.

Le président Oligui Nguema, dans son discours, a insisté sur la dimension patriotique du projet : « Quand un jeune Gabonais devient entrepreneur, c’est toute la nation qui avance. » Le chef de l’État a annoncé que Taxi Gab+ ne serait que la première pierre d’un vaste programme d’entrepreneuriat jeune qui touchera prochainement d’autres secteurs comme l’agriculture et le numérique. Cette vision à long terme montre que le gouvernement entend faire de l’autonomisation économique des jeunes un levier majeur de développement national.

Cependant, des défis importants persistent. Certains observateurs s’interrogent sur la capacité du marché gabonais à absorber plusieurs centaines de nouveaux taxis. D’autres pointent du doigt la nécessité de moderniser en parallèle les infrastructures routières, particulièrement dans Libreville où les embouteillages chroniques pourraient limiter la rentabilité des véhicules. La question de l’entretien du parc automobile et de l’accès aux pièces détachées constitue également un enjeu crucial pour la durabilité du projet.

À plus long terme, le succès de Taxi Gab+ se mesurera à sa capacité à créer une véritable génération d’entrepreneurs autonomes. Si le programme parvient à ses objectifs, il pourrait servir de modèle pour d’autres pays africains confrontés aux mêmes défis de chômage des jeunes et de modernisation des transports. D’ores et déjà, plusieurs délégations étrangères ont manifesté leur intérêt pour ce concept innovant qui allie inclusion sociale et développement économique.

Alors que les premiers bénéficiaires prennent la route, c’est tout un pan de l’économie gabonaise qui se met en mouvement. Dans quelques mois, une évaluation indépendante permettra de mesurer l’impact réel du programme. Mais d’ores et déjà, Taxi Gab+ a le mérite d’offrir une lueur d’espoir à une jeunesse en quête de perspectives, tout en modernisant un secteur clé de l’économie quotidienne des Gabonais.