Avec ses 1 240 192 km² (deux fois la France), le Mali est le géant…
Au Mali, la résistance s’organise face à la dictature d’ Assimi Goïta

Des centaines de Maliens ont défilé samedi 3 mai dans les rues de Bamako pour protester contre la possible dissolution des partis politiques, une mesure redoutée après l’abrogation, le 30 avril, de la loi encadrant leur fonctionnement. Cette décision, prise en Conseil des ministres sous la présidence du général Assimi Goïta, est perçue par les juristes comme un prélude à leur suppression pure et simple.
Une mobilisation malgré la répression
À l’appel d’une coalition regroupant une centaine de formations politiques, les manifestants se sont rassemblés devant le Palais de la culture, brandissant des pancartes exigeant « la liberté, la démocratie » et « des élections ». « Vive la démocratie, à bas la dictature ! », ont-ils scandé, dans un défi ouvert à la junte au pouvoir depuis les coups d’État de 2020 et 2021.
La mobilisation, encadrée par les forces de sécurité, a été perturbée par une trentaine de partisans du régime tentant d’en empêcher le déroulement. Malgré ces intimidations, la manifestation s’est tenue, marquant l’un des actes de résistance les plus visibles contre le pouvoir militaire.
Vers une présidence sans élection pour Goïta ?
Cette mobilisation intervient dans un contexte tendu, après une concertation organisée les 28 et 29 avril par le régime – largement boycottée par l’opposition –, qui a recommandé non seulement la suppression des partis, mais aussi la proclamation d’Assimi Goïta comme président pour un mandat de cinq ans, sans vote.
Dans une déclaration publiée après la manifestation, la coalition de partis a rejeté ces conclusions, les qualifiant de « nulles et non avenues », et exigé « la fin effective de la transition au plus tard le 31 décembre 2025 ». Elle réclame également un « retour rapide à l’ordre constitutionnel ».
Un espace démocratique en péril
Depuis les putschs successifs, les libertés politiques et associatives n’ont cessé de se réduire au Mali. Opposants poursuivis, organisations dissoutes, pressions judiciaires : la junte justifie ces mesures au nom de la « stabilité », tandis que les partis dénoncent une dérive autoritaire.
Pourtant, la Constitution de 1992, réaffirmée dans la loi fondamentale de 2023, garantit le multipartisme. Mais avec l’abrogation récente du cadre légal des partis, leur existence même est désormais menacée.
La balle est dans le camp d’Assimi Goïta, qui devra trancher sur l’application des recommandations de la concertation. En attendant, la rue malienne montre qu’une partie de la population refuse de voir disparaître les derniers vestiges de la démocratie.
(Avec AFP)