Ce vendredi 4 avril 2025, Omboué, modeste chef-lieu du département d’Étimboué, s’est transformé en épicentre d’une campagne présidentielle qui redéfinit les codes du politique au Gabon. Brice Clotaire Oligui Nguema, candidat à la magistrature suprême, a choisi ce cadre chargé d’histoire pour écrire une nouvelle page de son programme “Bâtissons l’Édifice Nouveau”. Sous un soleil implacable, entre les eaux tranquilles de la lagune Fernan-Vaz et la forêt environnante, le candidat a démontré sa capacité à marier tradition et modernité, symboles ancestraux et solutions concrètes.
Dès les premières heures de la matinée, l’ambiance était à la ferveur populaire. Des centaines d’habitants, venus parfois des villages les plus reculés du département, avaient fait le déplacement pour accueillir celui qu’ils considèrent déjà comme le porteur d’un changement attendu depuis des décennies. L’arrivée du cortège officiel a donné lieu à un spectacle rare dans l’arène politique gabonaise : des femmes, vêtues de pagnes traditionnels, ont déroulé des étoffes blanches sur le passage du candidat, tandis que les anciens du village procédaient aux rites d’accueil traditionnels. “Ces gestes ne m’honorent pas personnellement, ils honorent l’espoir que nous portons ensemble”, a déclaré Oligui Nguema, visiblement ému par cette réception qui tranchait avec les habituels protocoles officiels.
La place du marché d’Omboué, transformée pour l’occasion en tribune politique, a vu défiler les témoignages poignants d’une population lasse des promesses non tenues. Pêcheurs, agriculteurs, femmes au foyer et jeunes diplômés sans emploi ont successivement pris la parole pour décrire leur quotidien fait de contradictions : une région riche en ressources naturelles mais dont les habitants vivent dans la précarité, une lagune mondialement connue des touristes mais inaccessible à la plupart des locaux, des forêts giboyeuses mais des assiettes souvent vides. “Nous sommes devenus les gardiens d’un trésor qui ne nous appartient plus”, a lancé avec amertume un vieux pêcheur, résumant ainsi le sentiment général.
Face à cette détresse patiemment écoutée, Brice Clotaire Oligui Nguema a déployé un discours aussi technique qu’émouvant. S’appuyant sur des données précises et des diagnostics chiffrés, il a dressé le portrait d’une région au potentiel inexploité. “Votre lagune attire les touristes étrangers, mais vos enfants peinent à trouver du travail. Vos forêts regorgent de richesses, mais vos cases manquent d’électricité”, a-t-il martelé, pointant du doigt les paradoxes d’un système qui a oublié les populations locales. Le candidat a alors détaillé son plan de développement pour l’Ogooué-Maritime, un programme en trois axes soigneusement élaboré après des mois de consultations avec les experts et les populations locales.
Le premier engagement concerne la valorisation écologique et économique de la lagune Fernan-Vaz. Loin des projets pharaoniques habituels, Oligui Nguema a promis un écotourisme intégré, respectueux des écosystèmes et générateur d’emplois locaux. “Nous formerons vos enfants aux métiers de l’hôtellerie de luxe et de la guide nature, pour qu’enfin les revenus du tourisme profitent à ceux qui protègent ce patrimoine au quotidien”, a-t-il expliqué sous les applaudissements. Le deuxième pilier du programme concerne l’accès à l’énergie, avec l’installation d’une centrale solaire hybride qui mettra fin aux délestages chroniques tout en préservant l’environnement. Enfin, le candidat a annoncé la création d’une usine de transformation du bois, permettant de valoriser localement les ressources forestières plutôt que de les exporter à l’état brut.
Pendant que son mari détaillait ce programme économique, Zita Oligui Nguema menait sa propre bataille sur le terrain de l’humain. Assise à même le sol avec les femmes du village, elle écoutait patiemment leurs doléances, notant scrupuleusement chaque problème dans un carnet déjà bien rempli. “Ma grand-mère me disait qu’une case se répare dès que la première goutte tombe du toit”, a-t-elle confié, utilisant une parabole qui a immédiatement trouvé écho auprès de son auditoire. Son engagement à ouvrir une maternité moderne dans le département avant fin 2026 a été accueilli par des youyous joyeux, signe que le message était passé.
La conclusion du meeting a pris des allures de cérémonie initiatique. Brice Clotaire Oligui Nguema a brandi une poignée de terre ocre, symbole de cette terre nourricière mais aussi des difficultés quotidiennes. “Cette terre, c’est votre histoire. Le 12 avril, transformez-la en avenir”, a-t-il lancé devant une foule en transe. L’appel au vote pour le bulletin C’BON (Changement par les Bâtisseurs d’Omboué Nouveau) a alors pris des proportions insoupçonnées, les jeunes formant spontanément une chaîne humaine autour de l’estrade en scandant “CBON, c’est bon !”.
Cette visite soigneusement chorégraphiée laisse cependant des interrogations qui dépassent le cadre local. Comment concilier développement touristique et préservation des modes de vie traditionnels ? Les promesses d’industrialisation verte résisteront-elles à l’épreuve des lobbys forestiers ? La ferveur populaire suffira-t-elle à compenser le faible taux d’inscription sur les listes électorales dans la région ? Autant de questions qui restent en suspens alors que la campagne entre dans sa dernière ligne droite.
En quittant Omboué sous une pluie de fleurs et aux sons des chants traditionnels, le couple Oligui Nguema a marqué un point décisif dans cette campagne présidentielle : celui d’une politique qui parle autant au cœur qu’à la raison, qui s’ancre dans les traditions tout en proposant des solutions modernes. Reste à voir si cette alchimie saura se transformer en victoire le 12 avril prochain. Ce qui est certain, c’est qu’à Omboué comme ailleurs, le candidat a réussi son pari : faire de chaque étape locale un chapitre de son récit national, une pierre ajoutée à l’édifice nouveau qu’il promet de construire pour le Gabon.
