Coris Bank à l’assaut du Gabon : la conquête bancaire d’Idrissa Nassa en Afrique centrale. Dans le paysage financier africain en pleine mutation, une nouvelle bataille stratégique se prépare.
Idrissa Nassa, le visionnaire à la tête de
Coris Bank, tourne désormais son regard vers Libreville après l’échec de sa tentative au Cameroun. Cette ambition gabonaise s’inscrit dans une stratégie régionale audacieuse qui pourrait redessiner la carte bancaire en Afrique centrale.
Un conquérant des finances ouest-africaines
L’histoire de Coris Bank International, fondée en 2008 par Idrissa Nassa, se lit comme un roman d’expansion financière. Parti du Burkina Faso, le groupe a méthodiquement étendu son empire sur huit pays de l’UMOA, avant de franchir les frontières linguistiques vers la Guinée, le Tchad et le Cap-Vert. Avec 8,8% de parts de marché dans l’UMOA en 2023, Coris Bank s’est imposé comme le challenger qui dérange l’ordre établi, bousculant les acteurs historiques sur leur propre terrain.
Pourquoi le Gabon ?
La visite discrète mais significative d’Idrissa Nassa à Libreville le 13 mars dernier a envoyé un signal fort. Rencontrant le président de la transition Brice Clotaire Oligui Nguema, le banquier a exploré deux pistes : la création ex nihilo d’une filiale ou l’acquisition d’une banque locale. Les sources privilégient la première option, malgré sa complexité administrative. Un choix qui témoigne de la confiance de Coris Bank dans sa capacité à imposer sa marque sur un nouveau marché, comme elle l’a fait avec succès au Bénin et au Mali.
L’ombre de l’échec camerounais
Cette offensive gabonaise prend un relief particulier après le récent revers au Cameroun, où l’État a utilisé son droit de préemption pour bloquer le rachat de Société Générale par Coris Bank. Un échec qui n’a visiblement pas entamé l’appétit expansionniste de Nassa, bien au contraire. Le Gabon représente une porte d’entrée alternative vers l’Afrique centrale, un marché où la bancarisation reste faible mais le potentiel de croissance considérable.
L’armada de choc de Coris Bank
Pour cette nouvelle conquête, Idrissa Nassa peut compter sur une équipe rodée aux expansions transnationales. Diakarya Ouattara, directeur général de Coris Holding, et Mamadou Sanou, responsable des opérations en Afrique centrale, apportent leur expertise des marchés francophones. Leur connaissance fine des particularismes régionaux sera cruciale pour naviguer dans l’environnement réglementaire gabonais, réputé exigeant.
Un pari à haut risque… et haute récompense
L’implantation au Gabon ne sera pas une promenade financière. Entre les coûts d’entrée élevés, la concurrence des groupes bancaires déjà installés et les spécificités du marché local, Coris Bank devra déployer toute son agilité stratégique. Mais la récompense potentielle est à la mesure du risque : un ancrage solide en Afrique centrale, une diversification géographique précieuse et l’accès à un marché où la demande en services financiers innovants est croissante.
La méthode Nassa : patience et pragmatisme
Ce qui distingue Coris Bank dans cette aventure, c’est sa méthode éprouvée : une expansion mesurée mais déterminée, adaptée aux réalités de chaque marché. Plutôt que de chercher à tout prix une acquisition, le groupe préfère souvent bâtir patiemment sa propre structure, comme il semble vouloir le faire au Gabon. Une approche qui lui a permis d’éviter les pièges des expansions trop rapides qui ont coûté cher à d’autres acteurs.
Alors que l’Afrique devient un champ de bataille pour les géants bancaires internationaux et panafricains, Coris Bank écrit sa propre épopée. Son entrée au Gabon, si elle se concrétise, marquerait une nouvelle étape dans l’émergence d’un champion bancaire véritablement africain, capable de rivaliser avec les mastodontes historiques. Le prochain chapitre de cette saga s’écrira dans les mois à venir, au rythme des négociations avec les autorités gabonaises et de l’obtention des précieux agréments.
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