Accueil » New World TV : Le diffuseur de la CAN enlisé dans des dettes colossales

New World TV : le rêve brisé d’un géant africain du sport

L’ascension fulgurante de New World TV (NWT) sur le marché africain des médias sportifs semble aujourd’hui menacée par une crise financière aux proportions inquiétantes. La chaîne togolaise, qui s’était imposée comme l’un des principaux diffuseurs de football sur le continent, accumule les dettes malgré un portefeuille de droits de diffusion parmi les plus prestigieux d’Afrique.
Une situation financière alarmante
En octobre 2024, NWT avait pourtant obtenu une bouffée d’oxygène avec un prêt de 245 millions d’euros accordé par Afreximbank. Ce financement, destiné à éponger ses dettes et rassurer ses partenaires, n’a finalement jamais été débloqué, selon des sources proches du dossier. Une absence de liquidités qui place la chaîne dans une position intenable face à ses créanciers.
Parmi eux, la Confédération africaine de football (CAF), à qui NWT doit encore 34,5 millions de dollars sur les 70,5 millions initialement prévus pour les droits de diffusion de la CAN et de la Ligue des champions. Les relations entre les deux entités se sont considérablement dégradées, la CAF exigeant le paiement intégral des sommes dues depuis septembre 2024.
Mais la CAF n’est pas la seule à subir les retards de paiement de NWT. La Serie A italienne, dont la chaîne diffuse les matchs en Afrique, réclame toujours 10 millions d’euros. Malgré un chiffre d’affaires annoncé à 85 millions d’euros en 2023, NWT peine manifestement à tenir ses engagements financiers.
Une ambition démesurée ?
Fondée avec l’ambition de devenir le leader panafricain de la diffusion sportive, NWT avait misé sur une stratégie agressive d’acquisition de droits. Outre la CAF, la chaîne avait noué des partenariats avec TF1, M6 et France Télévisions, tout en diffusant la Ligue 1 française en langues locales. Son bouquet de plus de 100 chaînes visait un public de 7 à 10 millions d’abonnés en Afrique subsaharienne d’ici 2026.
Pourtant, derrière cette success story apparente, des signes de fragilité étaient déjà perceptibles. Des retards répétés dans les paiements, une gestion financière jugée risquée et des conflits avec les ayants droit ont progressivement érodé la crédibilité de NWT.
Quel avenir pour NWT ?
Alors que la CAF s’apprête à renouveler sa présidence, avec la fin du mandat de Patrice Motsepe, la crise de NWT pourrait influencer les futures négociations de droits médiatiques en Afrique. Les diffuseurs continentaux, souvent en difficulté pour honorer des contrats trop coûteux, pourraient être contraints de revoir leur modèle économique.
Pour NWT, les options se réduisent :
Une restructuration financière en urgence, sous peine de perdre ses droits les plus lucratifs.
Un rachat partiel ou total par un investisseur solvable.
Une renégociation des contrats avec la CAF et les autres ligues.
Contactée, la direction de NWT, représentée par son avocat Louis Biyao, n’a pas souhaité s’exprimer sur la situation.
Une leçon pour le marché africain des médias sportifs
Cette crise illustre les risques d’une croissance trop rapide dans un secteur où les droits de diffusion représentent des investissements colossaux. Alors que le football africain attire de plus en plus d’investisseurs, l’équilibre entre ambition et viabilité financière reste un défi majeur.
Si NWT parvient à se redresser, elle pourrait consolider sa position. Dans le cas contraire, elle rejoindra la longue liste des diffuseurs africains ayant succombé à la course aux droits télévisés. L’avenir dira si cette success story togolaise peut encore être sauvée.
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